dimanche 6 avril 2014

Être solidaire au début du XIXe siècle (publié dans Le Progrès)

En ce début du XIXe siècle, la solidarité envers son prochain était en plein développement, qu'elle se fasse par le citoyen ou par l’État.

Pour pourvoir aux besoins essentiels des pauvres, la nourriture était la subsistance principale. Au premier rang de celle-ci : le pain. Nombreux étaient alors les boulangers, sous couvert des communes, qui en fournissaient les indigents.

Le pauvre pouvait également travailler dans des ateliers afin de subvenir au minimum de ce qui lui était nécessaire. Ces ateliers, dits ateliers de charité, existaient notamment dans les villes importantes avant de disparaître à l'issue de la Révolution malgré quelques réminiscences comme à Coligny, avant de faire leur retour provisoire en 1848 sous le nom d'ateliers nationaux.

L'ensemble des pauvres était bien évidemment concerné par la solidarité, les enfants en premier lieu, certaines communes prenant en charge leur instruction. Pour les malades ou handicapés, les communes aidaient en attribuant des places dans des maisons particulières, comme avec l'admission des enfants sourds et muets dans les maisons de charité.

Les fêtes publiques étaient aussi l'occasion pour le pouvoir d'affirmer sa bonté et sa générosité envers les pauvres. Qu'il s'agisse de la Saint-Napoléon lors du Premier Empire (chaque 15 août), de la fête du Roi ou des anniversaires tels que celui des Journées de Juillet (célébrant l'arrivée au pouvoir de Louis-Philippe en 1830), les distributions de nourriture et notamment de pain étaient partout la norme.

Enfin, la pauvreté pouvait survenir du jour au lendemain. Les calamités pouvaient ruiner tout citoyen, principalement lorsque la maison était dévastée. Tout un élan de solidarité se mettait en place. Ce fut le cas pour les incendiés de multiples communes (comme Brénod en 1808, Leyssard en 1820, Brénaz et Cessy en 1830, Corlier en 1841, etc.), mais aussi les victimes de grêle, de vents forts, ou encore d'inondation comme lors de l'énorme crue de la Saône en 1840 qui mobilisa l'ensemble du département. Pour aider tous ces sinistrés, non seulement de l'argent pouvait leur être distribué mais des matériaux pour reconstruire les maisons pouvaient être collectés, chaque commune versant alors un quota de bois.

Un bel exemple se retrouve dans le cas de la commune de Maillat, incendiée par les troupes autrichiennes en mars 1814. 56 maisons furent incendiées, sans compter le massacre de cinq habitants. Un appel aux dons en bois était alors adressé par le préfet Rivet à l'ensemble des communes de l'arrondissement de Nantua, mais le succès n'est pas celui escompté. Il faudra toute la persévérance du nouveau préfet Capelle pour qu'une souscription soit lancée et que le ton devienne plus autoritaire face aux communes. Les arbres collectés étaient alors revendus, la somme finale revenant alors aux sinistrés.

Essayant d'être un modèle de solidarité dans l'Ain de par son statut de chef-lieu, Bourg-en-Bresse disposait de nombreuses structures permettant d'atténuer l'indigence, touchant environ 5% de sa population en pleine Révolution. On y retrouvait tout d'abord des structures d'aides telles que le comité de bienfaisance cantonal, distribuant notamment des soupes économiques dites « à la Rumford » (à base de céréales et de légumes secs) et du pain bis (composé de diverses farines). Des établissements étaient également présents pour ce type d'assistance : l'Hôtel-Dieu, le bureau de bienfaisance (dès 1790), l'hospice de la Charité (avec son orphelinat), le bureau de charité, l'asile des vieillards (dès 1837), les écoles pour enfants pauvres, les asiles psychiatriques (1824 pour Saint-Lazare, 1825 pour Sainte-Madeleine), etc.



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